Ce Grand Tour dans Mafate débute par le Sentier Scout le long duquel dans sa partie haute nous retrouvons la luxuriance de la Forêt des Hauts. Déjà des premières incertitudes sur les Piadia, de la famille des astéracées, endémiques de l'île de La Réunion : Psiadia amygdalina ou Psiadia boivinii ? De même se posera la question de distinguer Weinmannia tinctoria de Weinmannia mauritiana. Mais le regard est de plus en plus souvent pris par un décor impressionnant au fur et à mesure que la descente s’accentue. On aperçoit un minuscule sentier sur un rempart au loin en face avant de réaliser que nous serons là-bas bientôt.
Le passage sur le Grand Rein est une fête botanique entre Hibiscus boryanus, Dombeya punctata et Bois de cabri blanc cachant ses chatons rouges.
Le sentier remonte et nous traversons une forêt dense avant de prendre le pique-nique sous les Filaos avec vue sur le cirque. La descente vers Ilet à Malheur sera longue et stérile comme le tapis d’aiguilles de Filaos qui règnent ici en maîtres.
Halte à Ilet à Malheur, qui fait figure avec ses cases pimpantes de petite Suisse à Mafate.
La descente puis la remontée jusqu’à Aurère sera rude.
L’hospitalité au Gîte Auberge du Piton Cabri est chaleureuse et le repas généreux.
Le lendemain, le départ d’Aurère se fait sous un soleil radieux. La forêt de filaos et autres grands arbres est sèche, mais abrite des (re)plantations d’endémiques par l’ONF qui permettent des clichés pédagogiques, dont le Bois de sagaie.
Une fois franchi le Petit Rein d’où l’on découvre une grande partie du cirque baignant dans une lumière éblouissante, le sentier Augustave va suivre une canalisation ou chuinte et glougloute l’eau pressée d’arriver. Sur ses bords nous découvrons d’autres trésors botaniques, dont Adiantum reniforme - Fougère tam tam - Pteridaceae. Des specimens de Memecylon confusum - Bois de balai ou bois de cerise marron sont aussi l’objet d’observations attentives. Il est difficile de distinguer la couleur des pétioles des feuilles de ce que l’on pense être des Bois durs qui se penchent au-dessus du vide. Partout dans les sous-bois Chassalia gaertneroides fleurit.
Remerciements aux ouvriers qui ont rendu ce sentier praticable : des échelles, des passerelles, des mains courantes, et des escaliers vertigineux annoncent la prochaine remontée de la Ravine savon. Au bord du sentier, suspendue ou presque au-dessus du vide, Cryptopus elatus - Liane camaron - Orchidacée - I. la plus belle dit-on de la Réunion.
Au creux d’une ravine où coule une eau claire le pique-nique est pris avant la remontée de la Ravine savon.
La pluie arrive, les rochers sont glissants, les traversées de la rivière acrobatiques. La dernière section se fera sous un déluge qui transforme le sentier en torrent et douche les observations naturalistes. Bientôt l’herbe à vache annonce l’arrivée au Bord Martin.
De ce périple nous retiendrons entre autres qu’il y a encore à Mafate des Anguilles impressionnantes, des Camarons et des Chevrettes qui vivent dans des eaux claires et bondissantes. Les anguilles sont venues de l’équivalent indianocéanique de la Mer des Sargasses, une zone située à plusieurs centaines de km au nord-ouest de la Réunion. Espèce très menacée...
Merci à Andrée F. de nous avoir permis de vivre deux jours inoubliables et merci à tou-te-s d’avoir contribué à cette réussite.