Accueil Bethléem

Gens de l'Ouest et Gens du Sud se retrouvent à l'heure dite sur le parking d'une grande surface de Saint-Benoît.  La route qui mène au parking de Béthléem le jouxte.

Dès l'arrivée nous comprenons notre malheur : les arbres  alentour nous posent déjà des problèmes d'identification. Longanis, Letchis et autres Takamakas sont pourtant reconnaissables ! Mais sans nos mentors habituels, nous sommes nus.

Dès l'arrivée nous comprenons notre bonheur : il fait beau, l'endroit est idyllique, et de la Rivière des Marsouins en contrebas on devine le murmure.

Le sentier bétonné qui descend en lacets est parcouru à tout petits pas humbles pour s'arrêter devant des plantes, des troncs, des fougères, des rameaux dont on n'ose plus dire le nom. Mais où sont Nicole et Gislein et Jean-Marc passés ?

Nous finirons par tomber d'accord que les troncs jaunâtres sont ceux de Takamakas.

Mais que dire de ce splendide individu qui se dresse là où le sentier qui  suit la Rivière des Marsouins rejoint le sentier bétonné que nous suivons depuis le parking ? 

Du sentier justement arrive un Monsieur qui bottes aux pieds et bertelle au dos doit revenir d'une visite à un sien lopin le long de la rivière. Il a tôt fait de repérer des touristes en goguette et  fort civilement nous propose quelques explications sur l'histoire de l'endroit. 

Il est manifeste que Bethléem a connu ses heures de gloire avec l'installation de la chapelle, du gîte, de l'observatoire. Le site est entretenu, mais il le serait mieux si les différents responsables et propriétaires des lieux pouvaient s'entendre. 

Mais nous sommes plutôt curieux de connaître l'évolution socio-économique de ce coin à l'écart apparemment des vicissitudes de la modernité. Las ! Plus de gardien, plus de récoltes, des vols, et Monsieur R. nous dit que désormais il essaie de sauver ce qu'il peut de l'héritage d'un temps qui n'est plus, quand les habitants vivaient ici de leur labeur et de la terre.

Et l'arbre qui nous abrite ?

« C'est un Jambos. »

L'entretien avec Monsieur R. se poursuivra encore. C'est une rencontre vraie. Qu'il soit remercié pour son accueil.

D'autres arbres immenses et nouveaux pour nous hantent ces lieux rendus hospitaliers par l'ombre du pied du rempart où l'on entend le murmure des minuscules cascades descendues de ses flancs, ainsi que la présence de la rivière qui coule non loin, eaux vives pressées de rejoindre le grand Océan. Ces grands arbres ce sont entre autres des Letchis, des Bambous et des Bancouls. Les graines tapissent le sol. 

Il est décidé de remonter le sentier d'où arrivait Monsieur R. Sentier là encore ombragé, sur les bords duquel on trouve parfois encore en fleur une étoile forcément de Bethléem. De nouveaux arbres inconnus nous intriguent. Des feuilles crénelées, des fruits noirs, qui seront identifiés par une équipe en train de désherber le sentier comme étant des Bois de sirop. Sur les sites savants on trouve Bois de sureau. Autres découvertes, la courbe sensuelle de la canne d'eau.  Nombreux aussi sont les Letchis. Bras Canot n'est pas loin. 

Nous empruntons un sentier invisible pour rejoindre la Rivière des Marsouins. Sous le couvert, de grands troncs abattus. « J'ai vu des nobles fils de nos forêts superbes, Les grands troncs abattus dispersés dans les herbes. » Mais là ce n'est pas le bipède vertical qui est en cause mais les coups de vent. Magie des forêts de l'Est, où dans la moiteur et la pénombre grandissent les épiphytes. Au sol les feuilles mortes des Letchis.

Nous plongerons dans les eaux vives, en prenant le courant pour voir défiler les murs végétaux des berges de la rive droite et en prenant le contre-courant pour longer les hautes herbes des la rive gauche. Manège répété à l'infini. Le soleil est au zénith dans un ciel bleu sans partage, où attendent pourtant aux flancs du volcan de petits nuages blancs.  Instants suspendus à jamais dans le temps.

La remontée par un sentier quasi vertical à flanc de rempart sera rude, éprouvante. La descente à travers les champs de canne vers les voitures sur une route bétonnée permettra de récupérer.




© F. DUBAN 2014