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Rougail boucané


 À la marine de Vincendo, une fois entré dans la forêt des géants juchés sur leurs étranges échasses, quand les lieux encore presque déserts sont balayés par le vent de l'Océan, les embruns et la lumière du matin, l'imaginaire s'épuise à suivre le vol des pailles-en-queues dans l'azur.

L'exploration botanique en elle-même fut une répétition d'une sortie précédente en ces lieux. 

Pour mémoire, on trouvera la géologie d'un site extraordinaire en cliquant sur ce lien

Pour ce qui est de l'environnement où tentent de survivre les plantes observées, il est franchement hostile : salinité, embruns, vents constants, piétinements divers, sol à peine constitué sur les laves de bord de mer où brillent les miettes d'olivine.  

Les rochers portent la marque du vent : ce sont les taf(f)oni.

Nous retrouvons les stars de ce milieu hostile avec la même émotion. 

Bois de matelot 

Rare, du moins à la Réunion, il a des feuilles succulentes qui font penser à des langues d’oiseau. La délicatesse de sa fleur ravit. 

La Lavangère  

La Lysimaque  

La Lobélie   

La Souveraine de mer 

Fimbristylis cymosa 

C'est la plante qui parvient à se rapproher le plus du bord de mer et y survivre comme en témoigne cette photo

La Saliette  

Les feuilles charnues sont gorgées d'un suc salé

Le Manioc bord'mer désormais partout célèbre.  

À propos du Manioc bord' mer, Nicole nous a raconté une fois encore une bien émouvante histoire. La fleur du Manioc semble avoir perdu sa moitié supérieure que Paul avait donnée à sa moitié, Virginie. Lui avait gardé la moitié inférieure. Et les tendres amants devaient reconstituer la fleur au retour de Virginie. Mais Virginie n'ayant pas voulu montrer sa moitié inférieure au marin qui voulait la sauver lors du naufrage du Saint-Géran, la fleur du Manioc est à jamais témoin d'un amour tragiquement achevé. 

Chamaesyce viridula

C'est elle qui sauva ces parages des visées de promoteurs bétonniers, car endémique, unique au monde, unique dans l'Univers. Nous n'avons repéré que quelques pieds, mais on a l'impression qu'elle reprend du terrain, qu'elle résiste bien. 



24 Cap Jaune

Au bout du sentier, la toujours extraordinaire découverte à travers les aiguilles des filaos d'une falaise striée, de l’autre côté  d'une crique où grondent les flots agités en contrebas. (Cliquer sur la photo de J. Blasco). Si l'on descend par le sentier très vertical pour y accéder, on découvre comme un grand livre penché, ouvert, tourné vers l'azur où tournoient les paille-en-queues, mais à moitié enfoui sous la terre. On aperçoit les bords inférieurs des pages de ce grand livre qui forment les stries qui scandent la falaise. On voudrait les ouvrir pour y relire la géologie de ces lieux où la Palagonite — la roche qui constitue cette falaise — se donne si bien à contempler.

 La sortie se termine comme d'habitude et encore plus que d'habitude par des succulences accumulées. Rendons hommage aux talents multiples de S. et de M. Rougail boucané oté!

 

 

 

 

 

© F. Duban 2015