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Accueil (Étang-Salé)             


Une forêt très artificielle : 


                         Forêt semi-sèche de l'Etang-Salé


Merci à Jean-Paul Le Guelte pour ses photos.


Un peu avant neuf heures la plupart des participants sont là, au lieu de rendez-vous fixé par Nicole Crestey, sur le parking un peu avant l'entrée du Parc aux crocodiles de l'Étang-Salé. À l'heure dite, Nicole commence à présenter cette nouvelle session des Découvertes naturalistes, et non naturistes comme d'aucuns l'auraient rapporté ! D'où la modification du titre du cours  en "Découverte de la nature"!

Nicole insiste entre autres remarques sur les difficultés rencontrées concernant les noms vernaculaires des plantes à la Réunion. Les seules références sûres restent les noms scientifiques, qui pourtant ont eux aussi évolué dans l'histoire récente.

Chacun est ensuite invité à se présenter.  

Sophie

Nicole 

Monique 

Gregory 

Maud figure sur la photo du Thespesia populneoides  ci-dessous.

Jean-Paul 

Jean-Paul L.

Claire

François

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Nicole Crestey précise ensuite que la sortie d'aujourd'hui est une sortie d'initiation dans une forêt artificielle de 800 hectares sur les dunes de l'Étang-Salé encadrées par des pitons comme le Piton Reinette ou le Piton Rouge. Ces dunes furent fixées après la Seconde guerre mondiale par la plantation de filaos, lesquels atteignent maintenant leur fin de vie. Ils étaient au nombre des rares arbres capables de résister à un environnement hostile, quasi désertique, recevant 800 mm de précipitation par an sur un sol perméable. En raison du vieillissement des filaos, l'ONF a fait appel au  Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) qui a proposé un certain nombre d'essences pour les remplacer, que ce soit des plantes exotiques, indigènes ou endémiques.

            http://www.geoportail.fr/visu2D.do?ter=reunion


Sont exotiques toutes les plantes importées par l'homme.

Sont indigènes les plantes existant à la Réunion avant l'arrivée de l'homme.

Sont endémiques les plantes qui ont évolué à la Réunion sur un territoire qui leur est propre, après être arrivées sur l'île par leurs propres moyens. Les endémiques sont aussi indigènes. Cette évolution est beaucoup plus rapide qu'on ne l'imagine.

La Réunion a émergé des eaux indocéaniques voila trois millions d'années, à un moment où l'homme lui-même est apparu sur terre, planète âgée de 4,6 milliards d'années aujourd'hui. 

De nombreux cataclysmes ont dévasté la Réunion au cours des âges et la vie en a été balayée à plusieurs reprises.

La Route des tamarins achevée en 2008 quant à elle a pris sur le domaine de la forêt de l'Étang-Salé et par mesure compensatoire imposée par la législation, des fonds ont été alloués pour la plantation de nombreuses espèces de plantes indigènes le long de la Coulée verte que nous allons parcourir. 

Nous commençons nos découvertes naturalistes du jour en observant l'arbre à l'ombre duquel nous avons trouvé refuge. C'est un Tamarin. Mais lequel ?

Le nom de "Tamarin" peut amener à de nombreuses confusions. On distingue en effet

le Tamarin des Hauts

le Tamarin d'Inde (30 Tamarin d’Inde Pithecellobium dulce FABACEE Exotique)  (Cr.* Tamarin de "laine") aux feuilles à deux lobes ou deux folioles. Il est en fait originaire d'Amérique du Sud. C'est le Tamarin des Bas, fr. Agame. 


Un Tamarin des bas (fr.) (Cr. Tamarinier, tamarin) (37 Tamarin des bas Tamarindus indica FABACEE Exotique) tout proche porte quelques gousses à pulpe. Ce sont les gousses utilisées pour la préparation des sirops et autres préparations culinaires très prisées. Ses feuilles sont paripennées (deux folioles opposées).

Un pied de Bois noir, (cf liste 5 Bois noir Albizia lebbeck FABACEE Exotique), dont on distingue bien les gousses, est tout proche. Il a été largement utilisé pour faire de l'ombrage au caféier aux temps anciens où le café était la principale culture de la colonie, et le meilleur du monde. Il est originaire de l'Inde.

Un flamboyant plus loin ne flamboie plus à cette saison.

Non loin encore, un Latanier dont il est difficile de dire s'il est rouge de la Réunion ou bleu de Maurice.

Nous quittons le parking et entrons dans la coulée verte.

Le premier arbre à retenir notre attention est le Porché (Cr.) (40 Porché Thespesia populneoides MALVACEE Indigène). Ses feuilles rappellent celles du peuplier. Ses fleurs ressemblent à celles de l'Ibiscus jaune.

porche


Tout à côté nous trouvons un Mova (22 Mova Hibiscus tiliaceus MALVACEE Indigène) dont les feuilles font penser au Tilleul (ci-dessous).  Même aspect pour les fleurs que le précédent ???.

mova

Le Porché et le Mova sont indigènes et cosmopolites : on les retrouve un peu partout sur la planète dans des environnements comparables.


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Les petits fruits du Manioc bord'mer font penser à de petites boules de polystyrène. Ils flottent et peuvent ainsi parcourir des distances considérables sur les océans et la plante est donc cosmopolite. 

Le veloutier, indigène, pousse sur le littoral. C'est aussi une plante cosmopolite. Il a été abondamment replanté aux abords de la ferme Kélonia, car les tortues femelles au moment de la ponte, dix ans après leur propre naissance, retrouveraient leur plage natale à l'odeur. 

  • Un Latanier s'avère cette fois-ci bien être un Latanier rouge (26 Latanier rouge Latania lontaroides ARECACEE Endémique R).
  • Comme souvent sur la côte sud, Lencens (Cr.), alias Baie rose, alias faux poivrier (34 Faux poivrier Schinus terebinthifolius ANACARDIACEE Exotique) borde le sentier.
  • L'Acajou du Sénégal (Acajou du Sénégal Khaya senegalensis MELIACEE Exotique) a  été introduit par le CIRAD dans cet environnement à l'origine désertique à la climatologie comparable à celle de la côte nord du Sénégal.
  • Partout le long du sentier, comme de jeunes Bois de gaulette, des Raisins bord'mer (12 Raisin de mer Coccoloba uvifera POLYGONACEE Exotique) tentent de survivre. Ils ne peuvent se comparer à leurs homologues de Saint-Denis, beaucoup plus haut, beaucoup plus denses.
  • Planté par l'ONF en bord de mer, le Bois de caméléon a ici un spécimen qui justement abrite les promenades d'une femelle éponyme. On rappelle ici qu'il ne faut pas risquer le déclenchement du flash si l'on prend des photos : les yeux brûlés, l'animal aveugle ne peut plus chasser et meurt.
  • Un Badamier isolé attend…
  • Le Bois de Judas doit son nom à ce qu'il ressemble au bois de fer dont on faisait les mâts de bateau ou des pièces maîtresses de charpente, mais le Bois de Judas casse, il est donc traître comme l'apôtre éponyme, ce qui lui a valu son nom. Il est endémique. Paripenné, les nervures de ses feuilles sont jaunes.
  • Le Fatak (Cr.) est une herbe aux longues tiges et au fleurs remarquables : les étamines pendantes lâchent leur pollen au vent. Les stigmates  mauves sont plumeux et recueillent le pollen qui vole au vent. La plante est donc anémochore : elle utilise le vent pour sa dispersion, tel le pissenlit.
  • À terre court le Colle-colle (Cr.) (15 Colle-colle Desmodium sp. FABACEE Exotique) et nos pantalons sont parsemés de ses graines crochues.
  • La feuille des Patates à Durand (24 Patate à Durand Ipomoea pes-caprae CONVOLVULACEE Indigène) qui court sur les sables des étendues sableuses en bord de mer rappellent la forme de l'empreinte d'un pied de cabri (pes-caprae), d'où le nom spécifique.

            Ci-dessus, fleurs de Patate à Durand. Noter en bas à gauche la forme d'empreinte de pied caprin.

  • D'innombrables pieds de Bois-rouge (9 Bois rouge Cassine orientalis CELASTRACEE Endémique M H) bordent le chemin. Ils sont peu développés dans cette forêt très artificielle et peu arrosée, et leurs feuilles restent le plus souvent effilées. Seuls quelques pieds mieux arrosés développent des feuilles arrondies dans la partie haute de la plante, alors qu'elles sont effilées à la base. L'hétérophyllie désigne cette particularité d'une plante d'avoir des feuilles de formes différentes selon son âge. Plusieurs théories existent sur ce phénomène, aucune n'étant convaincante. Il semble que l'hétérophyllie  touche des plantes dans les Mascareignes qui ailleurs n'en sont pas affectées. Virus ? Évolution adaptative pour se protéger des prédateurs ? 
  • Le Pongame (31 Pongame Pongamia pinnata FABACEE Exotique) autrefois très prisé dans les jardins, est passé de mode.

De nombreux et énormes escargots locaux (Achatine) se sont réfugiés sur les troncs des arbrisseaux, dont ils sont capables de ronger l'écorce.

On note aussi la présence de nombreux oiseaux blancs, endémiques à la Réunion, qui fréquentent aussi les jardins. Ils se nourrissent entre autre de pollen.

  • Le Calice du pape a une feuille pentalobée. Il peut se confondre avec les jeunes baobabs alentour.
  • L'Avocat marron (27 Avocat marron Litsea glutinosa LAURACEE Exotique) est utilisé pour son écorce. Râclée avec un couteau, elle sert d'emplâtre pour aider à la cicatrisation des plaies. Les cabris adorent l'avocat marron. Les fruits sont de petites baies noires brillantes. 

Tout au long du chemin ont été aussi observés :

  • Le Lilas ou Margosier
  • Une Vesse-de-loup
  • Un pied de Bois d'arnette.
  • De nombreux pieds de Bois d'éponge bien mal en point, méconnaissables aux feuilles torturées par les virus.


              La photo ci-dessus montre un Bois d'éponge bien développé (côte sud, près de Saint Philippe).

  • Des Mahots.
  • Quelques pieds de Bois de senteur (à l'origine bois d'enchanteur).
  • Quelques rares pieds de Bois de sable (23 Bois de sable Indigofera ammoxylum FABACEE Endémique R H), ternes et gris, ce qui est une particularité de la forme juvénile. Voir ici un spécimen développé (Parcours de santé du Tampon).


                Sur la photo ci-dessus, on distingue un peu mieux les détails de la plante.

  • Un pied d'Herbe le Rail (7 Herbe le rail Asystasia gangetica ACANTHACEE Exotique). L'Herbe le Rail serait arrivée de l'Inde avec les ouvriers engagés pour la construction du chemin de fer. 

Impossible de trouver un pied de Bois de demoiselle… 

Pour toutes ces essences on pourra se procurer les fiches de l'ONF. Ou se reporter au livre de Raymond Lucas, Cent plantes endémiques et indigènes de la Réunion.

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* Cr. pour Créole

© F. Duban 2012