N. CRESTEY


Les araignées piscivores ou araignées ichtyophages sont celles qui se nourrissent de petits poissons ou de larves ou d’alevins de gros poissons ou de têtards ou de petites grenouilles. La plupart de ces araignées prédatrices de poissons sont associées aux zones humides et vivent en zone tropicale, peut-être (selon Nyffeler) car l'eau plus chaude y contient moins d'oxygène, surtout la nuit où la photosynthèse n'agit plus, ce qui oblige les poissons à remonter en surface où les araignées peuvent alors plus facilement les détecter et les saisir. Elles sont considérées comme semi-aquatiques car elles sont particulièrement bien adaptées à la vie sur les rivages. Elles peuvent se déplacer sur l’eau grâce à leurs poils emprisonnant de l'air. Grâce à ces poils elles peuvent flotter et même respirer sous l’eau et poursuivre des proies sous la surface (Dondale et Redner 1990) où elles peuvent être provisoirement emportées par leur proie. On a observé des individus submergés pendant plus de 30 minutes (Gertsch 1949). La submersion est un moyen de défense très efficace pour échapper aux prédateurs. La chasse se fait « à l'affût » en bordure de l'eau ou à partir d'un objet flottant. Typiquement, elles demeurent immobiles, bien accrochées à un substrat, la tête vers le bas et les pattes antérieures à la surface de l’eau, soit pour détecter des vibrations, soit pour en créer comme le ferait un insecte s’agitant sur l’eau. Ce stratagème a pour but d’attirer des petits poissons qui viennent ainsi à portée de leurs chélicères (Gertsch 1949). L'araignée saisit rapidement sa proie, et lui injecte une dose mortelle de venin. Elle la traîne ensuite dans un endroit où durant plusieurs heures elle pourra aspirer la chair liquéfiée de sa proie, lysée par les enzymes digestives qu'elle lui aura injectées. L'attention de l'arachnologiste suisse Martin Nyffeler de l'université de Bâle (Suisse) a été attiré par le fait qu'il existait sur Google Images des photographies montrant clairement des araignées en train de manger des poissons (en bordure de torrents, rivières, lacs mares, marais et tourbières), plus fréquentes que ce que signalait la littérature scientifique qui ne signalait que quelques araignées piscivores principalement dans le genre Dolomedes. Nous avons une espèce à La Réunion, qui est particulièrement commune en bordure des étangs littoraux Hygropoda borbonica Vinson 1863 (=Dolomedes borbonicus

© François DUBAN 2019