Oberonia disticha - Orchidacée - I  IMG_4780
Voir quelques remarques de N. CRESTEY sous la photo

distichus=qui a deux rangs et Oberon :

Obéron, ou Aubéron, est le roi des fées, selon de nombreuses légendes médiévales.

Obéron apparaît dans la littérature dès le haut Moyen Âge (Huon de Bordeaux), et il est particulièrement connu comme personnage de William Shakespeare, dans Le Songe d'une nuit d'été (Le nom Obéron est mentionné dans la littérature française dès la première moitié du XIIIème siècle, comme nain féerique qui aide le héros, dans la chanson de geste Les Prouesses et faitz du noble Huon de Bordeaux.)

Quand Huon, fils du comte Seguin de Bordeaux, traverse la forêt où vit Obéron, il est mis en garde par un ermite. Mais sa courtoisie le conduit finalement à recevoir les salutations d'Obéron et obtenir ainsi son aide dans sa quête. Ayant tué Charlot, le fils de l'empereur (en se défendant), Huon doit visiter la cour de l'émir de Babylone et accomplir divers exploits pour obtenir le pardon. C'est seulement grâce à l'aide d'Obéron qu'il y réussit.

L'elfe apparaît : il est d'une taille de nain mais d'une grande beauté. Obéron explique que lors de son baptême, une fée offensée l'a condamné à cette petite taille — première mention d'une mauvaise marraine-fée). Quelque peu radoucie, elle lui aurait ensuite donné en compensation cette grande beauté. Cet aspect singulier, issu de l'Alberich de Nibelungen, la taille de nain, trouvait ainsi une explication.

Le véritable Seguin était comte de Bordeaux sous Louis le Pieux en 839, et mourut en combattant les Normands en 845. Charles l'Enfant, fils de Charles le Chauve, mourut en 866 des blessures infligées par un certain « Aubouin », dans des circonstances similaires à celles du Charlot de l'histoire — un guet-apens. Obéron apparaît donc dans l'imaginaire courtois français du xiiie siècle, d'après une interprétation de faits historiques datant du ixe.

À ce personnage légendaire, il est donné quelques artefacts celtiques, telle une coupe magique (comparable au Saint Graal) qui reste toujours pleine pour le vertueux : « La coupe magique fournissait leur repas du soir ; son pouvoir était tel, qu'elle proposait non seulement du vin, mais aussi des aliments plus solides quand désirés », selon Thomas Bulfinch. Dans cette histoire, Obéron est également présenté comme l'enfant de la fée Morgane et de Jules César.

Un manuscrit du roman dans la ville de Turin contient un prologue à l'histoire Huon de Bordeaux, sous la forme d'un roman séparé (dédié au personnage d'Auberon), et quatre suites. Il y eut plus tard des versions françaises vers 1590). Obéron apparaît dans de nombreuses autres œuvres, anciennes (Geoffrey ChaucerEdmund SpenserChristoph Martin Wieland, etc.) ou modernes. Le statut d'Obéron comme roi des elfes provient du personnage d'Alberich (elbe pour « elfe », reix ou rex pour « roi »), un sorcier dans l'histoire légendaire de la dynastie mérovingienne. Dans cette légende, il est le « frère » dans l'Autre Monde de Merowech, dont le nom est l'éponyme des Mérovingiens. Alberich gagne pour son fils aîné Walbert la main d'une princesse de Constantinople. Dans l'épopée Nibelungenlied, Alberich garde le trésor des Nibelungen, mais est vaincu par Siegfried.

Nicole CRESTEY 

© François DUBAN 2016