QUELQUES NOTES SUR LA POLLINISATION
UN PEU DE JOBOLOGIE

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QUELQUES NOTES SUR LA POLLINISATION


UN PEU DE JOBOLOGIE


La graine de Job, Coix lacryma-jobi, est une poacée, ex-graminée, dont les épillets comportent une fleur femelle à l'ovaire volumineux qui va donner le fruit indéhiscent qui ne contient qu'une seule graine, appelé caryopse dans cette famille. Cette fleur femelle est surmontée dans l'épillet d'un épi de fleurs mâles. Dans l'épillet, la fleur femelle fleurit d'abord. Elle présente alors un stigmate rouge plumeux. Quand elle est fanée et pollinisée, les fleurs mâles s'épanouissent et on observe alors les étamines pendantes. Etamines pendantes et stigmate plumeux sont caractéristiques d'une fécondation assurée par le vent dite anémophile. L'épillet d'abord femelle puis mâle est dit protogyne. L'épanouissement distant dans le temps des fleurs femelle et mâles impose une fécondation croisée entre épillets du même pied ou de pieds différents. Certains botanicoeurs ont remarqué une convergence avec les fleurs du bois de perroquet qui est également anémophile et d'une toute autre famille.



BUTINAGE PAR EFFRACTION


Les fleurs du califon ou Strobilanthes hamiltonianus, Acanthacée originaire de l'Inde, sont appréciées des abeilles qui en font du miel commercialisé. Ces fleurs en tube font fréquemment l'objet d'une effraction, c'est-à-dire que leur base a été ouverte par un organisme friand de nectar mais non équipé d'une taille, d'une langue ou d'un bec lui permettant de pénétrer dans la fleur pour atteindre le nectar. Les abeilles qui connaissent cette opération font l'économie du passage à l'intérieur du tube de la corolle et butinent directement le nectar grâce à l'ouverture déjà pratiquée. On remarquera que les abeilles qui procèdent ainsi récoltent aussi du pollen (leurs corbeilles sont pleines de pollen) et pour cela elles doivent obligatoirement entrer en contact avec les étamines donc pénétrer à l'intérieur de la fleur. C'est à ce moment qu'elles entreront aussi en contact avec le stigmate et permettront la fécondation de la fleur, donc la production de fruits. Les fruits sont des capsules (fruits secs déhiscents) qui rejettent les graines à quelques mètres des pieds mères lors de leur ouverture brutale. Certains botanicoeurs du groupe ont vu des oiseaux blancs dans les califons. Ce sont des oiseaux nectarivores. Sont-ils les responsables des effractions ? Cela mériterait une observation minutieuse. En pratiquant ces effractions, ils limitent partiellement la pollinisation par les abeilles ce qui est une bonne chose pour cette plante très envahissante. Les abeilles qui ont une bonne image auprès du grand public peuvent avoir un rôle négatif dans les écosystèmes si elles favorisent la fructification des espèces exotiques envahissantes.

© François DUBAN 2020