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Dans le silence des Hauts

Depuis la route littorale on voit s'accumuler les nuées sur les sommets. La route monte jusqu'au Makes bientôt dépassés quand le soleil laisse la place à l'ombre. Bientôt la forêt de Cryptomeria est rejointe, avec son romantisme wagnérien et ses échapres de brouillard. Le décor est planté.

Lente montée le long d'une piste raide à travers les Cryptomeria. Mais déjà l'œil perçant de G.F. a repéré une pelote de Papangue, puis quelques plantes peu ou prou en fleur dès qu'une plage de lumière fait reculer l'ombre des géants japonais.

Éternelles interrogations sur l'hybridité des Mahots.

Sur un chemin montant, poudreux et balisé, dix-huit botanistes herborisent.                              Un Tangue survient, sans chercher  aventure. 


À l'issue de son hibernation la petite bête n'a pas peur des gros souliers autour de lui, ni ne s'effraie de la mitraille des appareils photographiques :  affamé, il cherche sa provende. Vedette d'un jour de la forêt il finit par s'y enfoncer et disparaître.


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Orobanche

Nous marchons désormais au milieu d'un vaste espace où ont été couchés les grands Cryptomeria par une cyclone passé. Il est extraordinaire de voir resurgir des plantes endémiques parmi le fouillis des invasives, Embellia angustifolia - Liane savon - Myrsinaceae - Endémique - BM, et Geranium robertianum L. - Herbe à Robert - Geraniaceae Endémique Réunion et île Maurice, entre autres. Les terrifiantes Orobanches sont ici en nombre, terrifiantes puisque ces plantes...

sans chlorophylle dépendent entièrement de plantes-hôtes pour les éléments nutritifs dont elles ont besoin : ce sont des holoparasites. Les semences d'orobanches émettent après la germination une pousse à l'aspect de racine qui se fixe sur les racines des plantes-hôtes les plus proches, et dès lors la plante reçoit l'eau et les éléments nutritifs de la plante-hôte.(Wikipedia)

Nous entrons alors dans la forêt de Mapous, où de très anciens et très gros et très respectables Forgesia racemosa - Bois de Laurent Martin - Escalloniacée atteignent véritablement des dimensions d'arbres. C'est d'ailleurs une des conclusions de cette journée : le gigantisme ou presque, notamment des feuilles des Psiadia anchusifolia et  boivinii, ... Jusqu'au Peperomia elliptica - Piperaceae - Endémique qui donne l'impression de prétendre à devenir forêt.

Le brouillard enchante ces lieux figés dans le silence.

Nous continuons la progression le long d'un sentier qui doit flirter avec le vide du rempart invisible. De nombreux pieds de Pittosporum Senacia reticulatum - Bois de Joli cœur des Hauts - Pittosporacée en fleur ou non, avec fruits tout juste éclos ou non en jalonnent les bords.

De jeunes Acacia heterophylla -Tamarin des hauts - FABACEE Endémique, eux-mêmes laissent discerner leurs fruits dans le fouillis des phyllodes.

Faute de pouvoir bien identifier les Mahots le long du sentier, certains au vu des troncs les baptisent Dombeya militaris.

Près de l'aire de pique-nique pousse la Liane trompette.

Sur le chemin du retour, le silence, le brouillard, une fine farine transfigurent une réalité où il faut lâcher au galop les chevaux de l'imaginaire.

© François DUBAN 2016