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Autant en emporte le vent...  

Le groupe aujourd’hui s’est considérablement étoffé et nous souhaitons la bienvenue aux nouveaux explorateurs des espaces naturels de l’île. Nicole CRESTEY lance un nouveau tour de table sans table et chacun se (re)présente. Il y a Jean-Marc membre actif de l’APN, Gislain de l’Association des Professeurs de Biologie-Géologie, Mao, Christine, André, Mireille, Angèle, Jean-Paul, Joachim, Marie-Claire, Pilou, Françoise, Josette, Marie-Lise, Jean, Michèle, Jacques et votre serviteur. Que celles et ceux dont je n’aurais pas mentionné le prénom me pardonnent ! 

Nicole CRESTEY donne ensuite quelques précisions sur le milieu que nous allons (re)découvrir, la savane semi-aride de l’Ouest de l’Île de la Réunion. Ces étendues ont été profondément modifiées par l’homme. À l’origine, ce devait être une savane arborée où probablement on pouvait trouver des benjoins, des lataniers, ... qui ont été exploités. Ceux que l’on peut trouver ici de nos jours ont été replantés. La savane a été cultivée grâce à des canaux d’irrigation pour produire maïs et légumes. Les cotonniers y ont aussi été cultivés. Aujourd’hui livrée à elle-même, elle abrite un dépôt d’explosifs, qui paradoxalement pourrait la protéger de l’urbanisation, bien que le CBo Territoria travaille actuellement sur un projet ambitieux qui la menace. Des associations citoyennes se sont déjà mobilisées contre des projets comparables (association contre l’extension du Golf de l’Étang Salé, ...).

L’arbre le plus proche, déjà rencontré à Cambaie, est un Pithecellobium dulce (Tamarin de l'Inde FABACEE Amérique centrale 41) dont les nodosités sur les racines lui permet de se développer en ce milieu hostile. Il sert de fourrage aux cabris. Ce Tamarin de l’Inde est bien originaire des Indes, mais des Indes Occidentales.

Un Callistemon lanceolatus (rince-bouteille comme on l’appelle à Maurice) est son voisin. “κ α λ λ ι” pour “beau” (comme la Vénus) et “stamina” pour étamine. Si vous avez cliqué sur “rince-bouteille”, ces étymons vous seront évidents.

À terre l’herbe d’Eugène, (3 Achyranthes aspera, Herbe d'Eugène AMARANTHACEE pantropicale) ou de jeunes, ou des jeunes, Colle-colle voire Queue de rat, a déjà accroché nos pantalons. Elle est donc zoochore. 

Autre herbe typique de ce milieu, l’Herbe tourterelle (59 Trichodesma zeylanicum Herbe tourterelle BORAGINACEE Paléotropicale) est une paléotropicale (Afrique et Asie).

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 Herbe tourterelle

Le bois Caraïbes (53 Tecoma stans Bois Caraïbe BIGNONIACEE Amérique tropicale) est un arbuste échappé des jardins. Anémochore, de la même famille que le Tulipier du Gabon lui aussi envahissant, il pousse n’importe où, même entre les marches des escaliers qu’il finit par défoncer.

Le Ricin Tantan (44 Ricinus communis Tantan EUPHORBIACEE NE Afrique tropicale) est la première d’une série de plantes létales que nous allons (re)découvrir ce matin. Ce ricin est celui des parapluies bulgares.

Le Pion d’Inde (32 Jatropha curcas Pignon d'Inde EUPHORBIACEE C et S Amérique) a sans doute coûté leurs carrières à nombre de politiques locaux. Ses graines sont laxatives. Il suffisait de les introduire dans les mets ingérés par les scrutateurs des élections lontan (?) pour qu’au moment du dépouillement lesdits scrutateurs aient à évacuer la salle, entre autres, ce qui permettait de réviser le contenu des urnes.

De nombreux Faux cotonniers (33 Jatropha gossypiifolia  EUPHORBIACEE Amérique tropicale) jalonnent le sentier. 

Nombreux aussi sont les Zépinards (2 Acacia farnesiana Zépinard FABACEE Amérique ?) dont il suffit de respirer les fleurs pour comprendre pourquoi cette plante a été introduite comme plante à parfum. Le problème est que pour produire 100 (???) grammes de parfum il fallait recueillir 300 kilogrammes de fleurs, lesquelles font immanquablement penser au mimosa. Le Jatropha gossypiifolia se distingue du Prosopis juliflora qui lui a des chatons. 

Un majestueux ficus (25 Ficus rubra Affouche rouge MORACEE W océan Indien) s’orne de beaux fruits rouges.

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Dans les hautes herbes nous découvrons une boule au sommet d’une hampe qui manifestement attend d’être cueillie pour orner un bouquet de fleurs séchées. En Créole on l’appelle Monte au ciel (35 Leonotis leonurus Monte au ciel LAMIACEE ?).

Très répandue aussie est la Mauve (1 Abutilon indicum Mauve du pays MALVACEE Asie tropicale), mais les specimens que nous trouvons sont désséchés.

On trouve ici aussi des Lilas de Perse (Melia azedarach L. Lilas, Lilas de l'Inde, Lilas de Perse, Margosier) dont raffolent les cabris. Il a servi également de bois de chauffe. 

Sitarane hante encore la mémoire Créole que nous évoquons lorsque nous tombons sur l’herbe éponyme (21 Datura inoxia Herbe à Sitarane SOLANACEE Amérique centrale). 

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Dix graines suffisent à entraîner la mort. 

Les tiges de Fataque (39 Panicum maximum Fataque POACEE Afrique tropicale) se penchent élégamment dans la savanne autour de nous.

La crotalaire (Crotalaria refusa, Cascavelle jaune, FABACEE indigène ?) est aussi dénommée cascavelle jaune, à ne pas confondre avec la vraie cascavelle rouge et noire qui sert à la confection du caïambe. La crotalaire avec sa fleur fait penser au petit pois. On l’appelle d’ailleurs aussi pois rond marron.

Le fruit acidulé de la Vavangue (61 Vangueria madagascariensis Vavangue RUBIACEE Afrique et Madagascar) se mange vert. 

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Un autre met apprécié du cabri est l’avocat marron (37 Litsea glutinosa Avocat marron LAURACEE SE Asie et S Australie).

Difficile de s’y retrouver dans les agaves et autres chokas.

L’Agave panachée a des feuilles aux bandes jaunes.

Le Choka baïonnette a des feuilles (???) plus fines, d’où son nom.

Le Choka bleu  n’est pas le Choka vert (Furcraea foetida Cadère,Choka,Choka vert). Jean-Marc précise que le Choka vert s'appelle aussi gature, transformé en gatire, gadire (à Saint-Leu), gatia, gadia. À l’origine  on s’en servait pour lier (ligature>gature) les pailles de canne sur les toits de cases en paille.

Quant aux Mâts de choka; ils servaient à la confection des zingades, alias radeaux qui allaient sur le lagon pour recueillir le corail pour les fours à chaux. (???) Les Mâts de Choka ont colonisé les pentes : très hauts, lorsqu’ils penchaient vers l’amont leurs graines tombées à terre germaient plus haut. 

Un pied de Bois de gaulette (22 Doratoxylon apetalum Bois de gaulette SAPINDACEE Madagascar, Mascareignes) est l’occasion de revenir sur la notion d’hétérophyllie. Rappelons que cette plante pousse droit, et peut servir de mesure. Une gaulette valait 5 mètres, d’où le nom de la plante. C’est la seule plante indigène que nous ayons jusque là rencontrée.

Les graines de la Liane papillon (29 Hiptage benghalensis Liane papillon MALPIGHIACEE Indo-Malaisie) volent au vent comme des hélicoptères miniatures. La liane est très envahissante.

L’Herbe polisson (28 Heteropogon contortus Herbe polisson POACEE pantropicale) teinte discrètement de rouge la savane alentour. Ses noirs cheveux où sont ses graines maillent au sommet des tiges où ils forment de curieux amas comme des cheveux qui se détachent et partent eux aussi au vent. 

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Ces amas de graines s’accrochent très facilement et ne peuvent alors se mouvoir que dans un sens, comme une crémaillère. Le bétail peut en souffrir.

Très répandue aussi, l’Herbe Saint-Paul (55 Themeda quadrivalvis Herbe Saint-Paul POACEE SE Asie) est appelée Pikan  par les Saint-Paulois.

Munie aussi de piquants le Bois de sinte viendrait de Terre Sainte qui lui aurait donné son nom (???).

Si vous gardez une feuille de la Liane d’Argent (10 Argyrea nervosa Liane d'argent CONVOLVULACEE  Inde) dans votre poche, vous deviendrez riche et gagnerez au loto. 

Son nom la Marguerite amère le doit à ses feuilles amères et non au fait qu’elle serve à la confection des cadeaux que les enfants font pour la Fêtes des mères. 

Le groupe hésite avant de décider d’aller jusqu’au dépôt d’explosifs. Le chemin surplombe la route des Tamarins et le bleu de l’Océan indien à nos pieds étalé. Le soleil est sorti des nuages et midi est bien « le roi des étés étendu sur la plaine ».

Au retour nous trouvons des brèches, sortes de masse de lave qui semblent paver le chemin. 

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Elles sont là depuis que le Piton des Neiges les a vomies en des temps très anciens. 

Ultimes épisode botanique, la découverte de magnifiques spécimens de Liane carrée (15 Cissus quadrangularis Liane carrée VITACEE paléoptropicale). Si vous me lisez encore, je suis preneur de photos de cette liane.

La sortie botanique se termine par un pique-nique pas très botanique mais très sympathique chez l’héroïque Françoise qui nous accueille d’une soupe champenoise tandis qu’Angèle nous dresse une assiette de cous d’oie farcis. Bien d’autres mets et boissons circuleront... 



© F. Duban 2012