La mascareignite ou horizon à mascareignite

La mascareignite

La partie superficielle du sol de la tamarinaie est, par endroit très claire et légère, d'aspect cendreux. C'est la mascareignite ou horizon à mascareignite (minéral décrit et nommé par le géologue français Alfred Lacroix (1863-1943) en 1936). Il s'agit d'une variété d'opale microscopique, d'origine végétale, formée par l'accumulation de débris végétaux riches en silice. Elle n'existe qu'à La Réunion. En 1994, Charles Alarcon et ses collègues ont montré que les phytolithes siliceux qui composent à 90% l'horizon à mascareignite proviennent d'une paléovégétation de bambous (Nastus borbonicus). Ils sont en effet comparables aux phytolithes de bambous chauffés vers 200-300°C. Ce résultat est un indice de paléo-incendie(s) ayant affecté une litière formée à partir d'une végétation de bambous. En 1998, Sadia Ouar date ce niveau récent (10 - 17 cm de profondeur) de 395 ans, date à laquelle les Erica et Stoebe de la végétation éricoïde altimontaine disparaissent au profit d'Hypericum et Nastus, éléments majeurs de la tamarinaie actuelle. Une variation climatique serait à l'origine de ce recul de la végétation altimontaine au profit de la tamarinaie. Les incendies naturels dans cette zone ont été intensifiés par l'arrivée de l'homme à partir du XVIIème siècle comme l'ont montré les évènements récents (2010, 2011). On pense que les incendies naturels se produisaient en moyenne tous les 300 ans, maintenant c’est tous les 5 ans. A ce rythme, quelle végétation peut se reconstituer ? Si le tamarin des hauts (Acacia heterophylla) a la réputation d’être favorisé par les incendies, des plantes exotiques comme Acacia mearnsii semblent prendre le dessus. De même, la fougère parasol (Pteridium aquilinum), cosmopolite, très couvrante, va-t-elle permettre la régénération de la tamarinaie ? Ne va-t-elle pas, en outre, lors des saisons sèches, produire une masse combustible propre à favoriser de nouveaux incendies ? Plus haut, au Maïdo par exemple, pour la régénération de la végétation éricoïde altimontaine, c’est l’ajonc d’Europe, Ulex europaeus, qui est préoccupant.

© F. Duban 2013