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HISTOIRE DU SOPHORA DE L’ILE DE PAQUES

   Sophora denudata ayant la réputation de mal régénérer (enveloppe de la graine trop dure ou graines parasitées ?) à La Réunion, on ne peut pas s’empêcher de penser à l’histoire du Sophora de l’île de Pâques, Sophora toromino. Cette espèce d’arbre a disparu de son milieu d’origine dans la seconde moitié du XXème siècle. Le dernier arbre indigène serait mort en 1962. Quelques spécimens ont survécu dans des jardins botaniques et certains jardins privés. Une réintroduction dans le milieu d’origine est en cours sous l’égide du Toromino Management Group (TMG), regroupant les jardins royaux de Kew (Grande-Bretagne) et le jardin botanique de Göteborg (Suède). Le TMG a été créé en 1994.

   La première mention du toromino a été faite par Forster, le botaniste du deuxième voyage de Cook, en 1774. James Cook lui-même avait signalé qu’un mimosa de 2,7 à 3m de haut poussait dans les monts de l’île de Pâques et que certains pieds avaient des troncs de 20 à 30 cm de diamètre.

   Actuellement la CONAF (Corporacion nacional forestal de Chile) et le jardin national du Chili se trouvent engagés dans un plan de réintroduction en milieu naturel. A cet effet, dans le jardin botanique chilien, il a été construit, avec des fonds en partie apportés par les jardins royaux de Kew, une pépinière pour y planter des spécimens qui permettront de réaliser des croisements afin d’augmenter la variabilité génétique, et de maintenir des clones de chacun des individus existant dans les différents jardins du monde. En 1953, Efain Volosky avait collecté des graines qui provenaient de l’unique exemplaire existant sur l’île (probablement l’individu photographié par Métraux vingt ans auparavant). Certaines d’entre elles ont été envoyées au jardin botanique national du Chili, dont l’administrateur les fait germer en 1956. De celles-ci, il n’a obtenu qu’une seule plante qui pousse dans de mauvaises conditions. Cependant, ce pied a donné des graines, en 1992. On en a fait germer cent, qui ont permis l’obtention de 98 individus.  Parmi eux, 9 ont été envoyés à la pépinière de l’île de Pâques pour des croisements, et le reste a été réparti entre Santiago, l’université de Concepcion et l’arboretum de l’université australe du Chili.

   Les graines du toromino qui avaient été identifiées dans le cratère du Rano Kau par Thor Heyerdahl durant son expédition sur l’île de Pâques (1955-1956) ont été emportées en Europe. A partir des graines germées et cultivées dans le jardin botanique de Göteborg, il obtint deux pieds qui produisirent des graines, qui ont donné des pieds dont 63 furent transférés à l’île de Pâques en mai 1995.

© F. Duban  2012