Port étagé au Port


Convoqué par le brillant faire-part de Michèle, le groupe se retrouve à l'entrée du cimetière paysager aux abords même du port est.


Nicole CRESTEY évoque brièvement la création de ce cimetière si particulier dont le plan rappelle un rameau feuillu (voire le bandeau de la page d'accueil de ce site). Les tombes sont alignées dans des espaces qui vus du ciel sont les feuilles du rameau. L’ensemble donne l’impression d’un parc boisé bien entretenu, calme, voire rafraîchissant si l’on en croit les vieux Portois qui ont connu la chaleur d’une zone de savanne aride ici autrefois. Il semblerait que ce cimetière de 7 hectares inauguré en 1992 ait été conçu et réalisé pour rapatrier les tombes du cimetière La Peste (où furent ensevelies les victimes de l’épidémie de grippe espagnole en 1919) détruit par le creusement du port est.

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Les arbres plantés ici sont tous des exotiques, à commencer par les Pongames à l’entrée au niveau du parking où nous sommes encore (au fond à gauche sur la photo ci-dessus).


Des Rince-bouteilles au tronc à l’écorce lisse sont appelés coqueluches (coque lisse !) par nos amis Mauriciens. 


De magnifiques Acajous du Sénégal, omniprésents dans tout le cimetière, dominent ces derniers. 


Il y a là aussi un Latanier bleu, le Latanier de Maurice. Le Latanier rouge est celui de la Réunion, porteur du seul fruit comestible sur l’île à l’arrivée des premiers colons. 


Plus loin des Multipliants se penchent sur l’entrée du cimetière. 


Le feuillage serré du ficus nommé ici Arbre de l’Intendance ou encore Pied ti’grain n’est pas un benjamina. Nous le repérons d’autant mieux que ses frères ornent de leurs immenses frondaisons le Barachois à Saint-Denis et sont admirés de tous.


Les inévitables Raisins de bord de mer (cocoloba) ne sont pas bien gaillards.


Les Palmistes royaux (ou Palmiers royaux) encore jeunes alignés le long de l’allée d’accès  abritent des 



Chapeaux chinois. Il suffit de regarder les cônes que forment les inflorescences pour comprendre cette appellation. 


Ils ont pour compagnons les Alamandas aux larges fleurs jaunes très communes dans les jardins du côté de Saint-Gilles. C’est pourtant un poison comme le Laurier rose.


Des Palmiers royaux nous passons au Palmiste cochon grâce aux explications de Jean-Marc GRONDIN. Aux temps pas si anciens où un cochon ne profitait pas, on lui donnait du Palmiste cochon à manger, ce qui lui irritait la gorge et pour calmer la douleur il mangeait tout ce qu’on lui donnait et ainsi profitait. La même technique était utilisée avec le Songe noir que nous avons vu lors de la sortie à l’Étang St-Paul.


Le Tunbergia ? ? ? et sa fleur mauve ne peut être confondu avec l’Herbe à Sitarane.




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De véritables massifs de Pandanus utilis alias Vacoa sont l’occasion pour Nicole CRESTEY de rappeler leur extraordianire résistance aux vents marins grâce à leurs racines adventives qui leur sont comme autant d'arcs-boutants. Leurs formes phalliques leur ont valu de servir dans les pratiques occultes des sorciers locaux.





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Un magnifique Latanier rouge se dresse non loin de là.


Partout piquent les inévitables Tamarins de l'Inde aux feuilles bilobées.


Un buisson d'Épine du Christ (Euphorbiacée) est l'occasion pour Nicole CRESTEY de rappeler que les fleurs prennent de multiples apparences car ici les vraies fleurs sont minuscules et nichées au cœur de ce qui nous semble être des pétales et qui sont de rouges brachtées.


Nous sommes nous aussi au cœur, mais du cimetirèe sous l'ombrage d'un immense Banian, aux lianes pendantes d'où le nom que lui donnaient les compagnons de jeu de Jean-marc GRONDIN, le Bois Tarzan.


L'herbe qui pousse ici est constituée de Traînasse, et de Petit chiendent fil de fer. 


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De petites fleurs jaunes sur de petites plantes aux feuilles pareilles à celle du trèfle sont celles d'Oxalis. On peut vérifier en goûtant ces feuilles qu'elles contiennent de l'acide oxalique, mortel, d'où son nom français, Alleluia. Jean-marc GRONDIN nous raconte qu'on soignait ses caries d'enfant en broyant ces feuilles. Écrasées et avec un peu de sel sur la carie, elles en apaisaient les douleurs. Jean-marc GRONDIN a découvert que ces feuilles broyées pouvaient effectivement servir d'antirouille. Le Bilimbi a les mêmes vertus.


Des Colle-colle collent aux pantalons. Rappelons qu'il y a plusieurs "qualités" de colle-colles dont l'Herbe des jeunes (Herbe d'Eugène) mais aussi le Sigesbeckia orientalis L. alias Guérit-vite, et le Desmodium incanum DC.



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Un petit arbre pousse sur sur la pelouse et ses fleurs peuvent faire penser à des orchidées, d'où son nom, l'Orchidée du pauvre (Bauhinia ? ? ?).


Le Terminalia mentalia alias Benjoin mauricien a la même feuille que le Benjoin et ses branches sont nettement horizontales quand il est bien développé comme sur la quatre-voies du Tampon. Ce port étager permet de le reconnaître facilement et de donner un titre à ce compte-rendu.


L'arbre que l'on appelle ici à La Réunion Benjoin (Benjoin Terminalia bentzoë COMBRETACEE Endémique M H) n'est pas le Benjoin. Les rameaux se terminent en massues, comme on a pu le voir bien nettement lors de cette sortie.



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Une odeur fétide, écœurante mais moins que celle du Malaye (Morinda citrifolia Malaye RUBIACEE Exotique) nous agresse soudain : c'est celle du Bois caca en fleurs ! Que ses fruits soient déissants secs ne changent rien à la chose : l'odeur est écœurante. Mais ces fruits sont des merveilles, abritant dans une solide coque de grosses graines faisant penser à des dragées.

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On (re)découvre ensuite une petite merveille de parasitage, la minuscule et écarlate Goutte de sang, qui parasite les Graminées.


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Après le minuscule, l'énorme : un jeune Baobab d'Afrique offre son tronc lisse et ventru à nos caresses admiratives. Il n'existe qu'une espèce de baobab en Afrique, six à Madagascar, en plus ou moins bonne santé, plus ou moins protégées par les traditons locales.


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À peine si nous reconnaissons sous ses chatons un Terminalia mentali(s) où butinent les mouches à miel. C'est l'occasion pour Nicole CRESTEY de faire quelques rappels. Il convient de parler de plante nectarifère et non mellifère. Le miel est du nectar de fleur mêlé à la salive de l'abeille. Il permet à la ruche de passer la mauvaise saison. La cire est un lipide produit par le corps de l'abeille. Le propolis est une sorte de mastic dont se servent les abeilles pour boucher les anfractuaosités de la ruche.


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Un Washingtonia non loin de là attend sans doute un Jeffersonia qui n'existe pas. Les longs fils du Latanier Washingtonia sont caractéristiques. 


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En ce lieu paisible qui invite à la méditation, de nombreux Ficus à Bouddha (Ficus religiosa) contribuent à créer une atmosphère inattendue si près de l'agitation du port est où arrivent les containers de la civilisation consumériste matérialiste.


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Autre merveille du règne végétal, le Bonnet de prêtre dont le fruit éponyme fait l'objet d'une collecte immédiate. 

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Ces fruits flottent et au gré des courants colonisent maints rivages.


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Un Bois rouge isolé à l'âge ingrat amorce son hétérophyllie.


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Le clou de la sortie sera sans doute l'arbre éponyme ou Arbre à Dauphins (Hura crepitans (Euphorbiacée), alias sandbox tree) car le fruit bien travaillé peut servir à confectionner des bjoux rappelant immanquablement des dauphins bondissant. Ce fruit est dailleurs dangereux en ce qu'il explose une fois à maturité. http://goree.rice.edu/goree.rice.edu/index-258.html?q%3Dnode/234&h=480&w=640&sz=35&tbnid=plsV4pDrGeY7tM:&tbnh=90&tbnw=120&prev=/search%3Fq%3Dhura%2Bcrepitans%26tbm%3Disch%26tbo%3Du&zoom=1&q=hura+crepitans&usg=__9f2UHp9rYmRi03-1N9uiroBzpkM=&sa=X&ei=wH2BUN7fH7O10QXLt4FA&ved=0CCQQ9QEwAw

Nous n'en trouvons que deux en mauvais état et supposons que les amateurs sont nombreux.


Nous admirons l'élégance et les lignes complexes des feuilles du Brachychiton (manteau court).


Le Cytise indien (Cassia fistulosa) n'est pas en fleur et nous ne saurons pas s'il est  celui des yeux d'Elsa (Triolet).


Le dessous des feuilles du Bois malgache aux fleurs nervurées de rouge ou de jaune est rêche de poils minuscules.


À terre des Brèdes Morel que l'on trouve aussi en France. Comme les Brèdes Lastron, dont le nom vient de laiteron que le dictionnaire T.L.F définit ainsi : « Mauvaise herbe annuelle, à fleurs jaunes, aux feuilles légèrement épineuses et contenant un latex ».  Huysmans dit en parlant des laiterons qu'ils ont « les tiges, pleines d'un jus de lait de chaux, [et] infectent les doigts qui les touchent ». « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà » pour reprendre Pascal reprenant Montaigne.


Le long du périmètre du cimetière poussent les Mozas alias Cassia alias Manger cabri voire graines bœuf: en bref le faux mimosa ou mieux Leucaena leucocephala que l'on voit partout dans les savanes semi-arides de la côte ouest.


 Les hautes herbes au fond du cimetirèe sont constituées de Zerb millet alias Manger zoizo. Jean-Marc GRONDIN nous fait une démonstration. Quand il était de corvée d'eau  le soir après l'école, il ramenait le précieux liquide dans une grande "moque". Il devait sur le chemin traverser un espace où poussait la Zerb millet. Une fois, il s'est laissé piéger par deux liasses de Zerbe millet qu'avaient nouées ensemble des chenapans du coin en faisant ainis un ti'pont où il s'était pris le pied. Cette pratique semble avoir été assez répandue.

On peut aussi utiliser une tige de cette herbe pour faire une sorte de lacet pour attraper les "camaléons mâle-rouges", nom créole de l'agame.


Le Jean Robert se reconnaît à ses petites boules plus ou moins jaunes et peut soigner les dartres. On entoure le dartre de la sève de la plante. Le dartre recule, le cercle de sève rapetisse au fil des jours.


Dans l'herbe aussi les grosses feuilles luisantes de la Zerbe dure : on dirait de petits charmes juste sortis de terre.


Jean-Marc GRONDIN nous montre encore comment transformer l'écorce de l'Avocat marron en baume hémostatique antiseptique et souverain qui suture les plaies, véritable trousse de secours de secours pour randonneur mal préparé. Avec la lame du couteau on gratte doucement le dessus de la peau d'une branchette du Zavocat marron pour éliminer les risques d'impuretés superficielles. Puis toujours avec la lame du couteau on râcle la peau verte et l'on en fait un emplâtre à déposer sur la plaie.


Des oreilles finement ourlées traînent à terre, ce sont les graines de l'Acacia auriculiformis déjà vu à l'Étang du Gol.


Un énorme Ficus elastica, le très grand frère de celui que l'on met dans les pots de fleurs dans les appartements en France, est l'occasion por Nicole CRESTEY de rappeler quelques caractérisiques des ficus : latex, cicatrice de stipule à la base des feuilles, bourgeon terminal.


Les fleurs roses de l'arbre dénommé Calice du pape se reconnaissent de loin. 


Un Arbre à miel est bien difficile à décrire car l'heure est avancée, l'attention relâchée, et même ...


le Mimosa pudica , alias la sensitive alias trompe-la-mort a du mal à se recroqueviller sous les mains de Jean-Marc GRONDIN  qui claquent pour la faire réagir.


Il est temps de rentrer.


La sortie sera prolongée par un pique-nique sympathique grâce à l'hsopitalité d'André.


© F. Duban 2012